Depuis 2005, la Marine à la Réunion est l’acteur d’une coopération internationale active et originale avec l’Australie, dans l’océan Indien austral, pour en protéger ses ressources marines.
Marine La réunion
L'Oceanic Viking assure les patrouilles de contrôle des pêches pour le côté australien, en coopération avec la France
Pays riverains de l’océan Indien, France et Australie ont en effet une frontière maritime commune. Les petits archipels australiens de Heard et de Mac Donald, inhabités, sont situés à 200 milles nautiques des îles Kerguelen. Ces archipels permettent à l’Australie de disposer d’une Zone Economique Exclusive (ZEE) adjacente à la ZEE française de Kerguelen.
Les mêmes espèces halieutiques, dont la légine, bien connue des gourmets, fréquentent cette région. Les mêmes navires pratiquant la pêche «Illégale, Non déclarée ou Non réglementée» appelés INN dans le jargon, pourchassent ces espèces, recherchées pour leur haute valeur commerciale sur les marchés asiatiques et nord-américain.

Légine australe (Dissostichus eleginoides)
Au début de ce siècle, alors que la pêche illégale battait son plein dans les eaux des TAAF,[1] il est apparu naturel aux autorités maritimes françaises et australiennes de rechercher la mutualisation des patrouilles de surveillance des pêches dans ces zones, dont l’éloignement par rapport aux ports bases des navires de surveillance (La Réunion, Perth) est très coûteux en termes de jours de mer de transit. Un traité de coopération a ainsi été signé en 2003 , puis les patrouilles communes ont commencé à partir de 2005.
Côté français, le patrouilleur austral Albatros et les deux frégates de surveillance basées à la Réunion (Nivôse et Floréal ) assurent les patrouilles TAAF dans les mers agitées du grand sud de l’océan Indien. Des contrôleurs des pêches de l’Australian Fisheries Management Authority et des Australian Customs embarquent sur ces bâtiments, systématiquement à chaque mission, afin de surveiller la ZEE australienne de Heard et Mac Donald.
Frégate de surveillance "FLORÉAL"
Côté australien, les patrouilles sont effectuées par l’Oceanic Viking, ancien câblier reconverti en navire de surveillance aux couleurs des Customs australiens. Les missions de ce navire civil disposant de pouvoirs de police sont sous le commandement du Border Protection Command de Canberra, sorte de centre opérationnel unique pour toutes les missions «garde-côtes» de l’État australien, dirigé par un amiral.
Deux officiers mariniers français affectés à la Réunion, assermentés et habilités par le préfet administrateur supérieur des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), embarquent comme contrôleurs des pêches sur le patrouilleur australien pour chacune de ses patrouilles dans l’océan Indien.
La programmation conjointe des missions permet une surveillance permanente des ZEE de chaque État, tout au long de l’année. Grâce à ce dispositif, couplé à un système de surveillance de nos ZEE par satellite-radar exploité par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Réunion, aucun navire n’a été observé en infraction en ZEE française, depuis l’interception de l’«Apache» par l’Albatros en juin 2004, devenu depuis un bâtiment de la Marine nationale portant le nom de Malin.
Hélicoptère embarqué "Panther"
Néanmoins, la légine demeure une espèce convoitée par les filières de pêche illicites qui sévissent dans l’océan Indien. Face à l’efficacité du système de surveillance des ZEE, les armateurs peu scrupuleux ont déplacé leurs activités de pillage des ressources à la périphérie des ZEE nationales, en particulier sur les bancs de pêche situés entre ces zones et le continent Antarctique.
Un nouveau terrain de lutte contre la pêche illicite
Toute cette région du globe est incluse dans la zone de préservation de l’Antarctique, gérée par une organisation internationale, la «Commission pour la Conservation de la faune et la flore Marine de l’Antarctique» (CCAMLR), dont la France comme l’Australie est membre.
La CCAMLR a développé au fil des années un système de contrôle des pêches performant, permettant à tout navire de contrôle d’un État membre de contrôler les navires de pêche battant pavillon de tout autre État membre.
Des inspecteurs CCAMLR ont été ainsi été désignés parmi les officiers du Nivôse, du Floréal et de l’Albatros, ainsi que les officiers mariniers contrôleurs des pêches embarquant sur l’Oceanic Viking.
Cette habilitation spéciale leur permet d’inspecter des navires de pêche en haute mer, et le cas échéant, de relever les infractions.
Patrouilleur Austral "ALBATROS"
(Sources: Marine Nationale, crédit photos: Stéphane Bommert)
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